Les médecins généralistes spécialisés dans l’enseignement s’interrogent actuellement sur la pertinence de vacciner massivement tous les seniors contre le zona, une maladie causée par la réactivation du virus de la varicelle.
Un débat autour de la vaccination des seniors contre le zona
Avec l’intégration récente du vaccin Shingrix au calendrier vaccinal français, la question de sa généralisation à l’ensemble des personnes âgées divise les professionnels. Si ce vaccin est reconnu pour son efficacité, certains experts soulignent que sa mise en œuvre à grande échelle pourrait soulever des problèmes liés au coût et à l’utilité réelle pour la population.
« Dans un système de santé où les ressources sont limitées, nous nous interrogeons sur l’opportunité de consacrer un budget aussi conséquent à un vaccin dont le bénéfice global reste modeste, » explique Rémy Boussageon, président du comité scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE).
Les performances du vaccin Shingrix
Le vaccin Shingrix, administrable aux personnes immunodéprimées, a démontré une efficacité de 79 % contre le zona, et de 87 % pour prévenir les douleurs chroniques associées, notamment les névralgies post-zostériennes. Pourtant, la question qui se pose n’est pas uniquement celle de ses qualités intrinsèques, mais aussi celle de son coût et de sa réelle utilité dans la prévention à l’échelle de la population.
Les enjeux du zona chez les seniors
Le zona est une réactivation du virus de la varicelle, généralement bénigne mais parfois particulièrement douloureuse. L’éruption cutanée peut s’accompagner de sensations de brûlure et, dans certains cas, laisser place à des douleurs chroniques invalidantes. Chaque année, environ 230 000 personnes sont affectées par cette maladie en France.
Le risque de développer un zona augmente avec l’âge. Selon le professeur Anne-Laure Crémieux, présidente de la commission technique des vaccinations de la Haute autorité de santé (HAS), « avant 40 ans, on compte deux cas pour 1000 personnes, contre 7 à 8 cas à 50 ans, et jusqu’à 10 cas après 80 ans. » La diminution de l’efficacité du système immunitaire liée à l’âge, appelée immunosénescence, rend les personnes âgées particulièrement vulnérables. Ainsi, les plus de 65 ans représentent 72 % des hospitalisations annuelles dues au zona, sur un total d’environ 3 000 cas.
Une stratégie de vaccination ciblée
La stratégie actuelle repose sur la recommandation de vacciner tous les seniors de plus de 65 ans. « Cette décision vise également à simplifier le calendrier vaccinal, » précise le professeur Crémieux. En effet, à partir de cet âge, il est conseillé de recevoir chaque année des vaccins contre le Covid, la grippe, le pneumocoque, ainsi que des rappels pour la diphtérie, le tétanos et la polio.
Les enjeux économiques et le rapport coût-bénéfice
Le CNGE souligne cependant un décalage entre cette campagne massive et le bénéfice réel attendu. « Pour éviter un cas de zona sur 3,7 ans, il faut vacciner 34 personnes, et 293 pour prévenir une névralgie post-zostérienne, » indique Rémy Boussageon, en se référant à une étude publiée dans le New England Journal of Medicine en 2016. Le coût de deux doses de Shingrix s’élève à environ 320 euros. Si l’ensemble des 16 millions de personnes éligibles en France se faisaient vacciner, le coût total pourrait atteindre 6 milliards d’euros sur cinq ans, ce qui poserait un problème pour les budgets de la santé.
Une évaluation positive du rapport coût-efficacité
Anne-Laure Crémieux relativise ces préoccupations : « Plusieurs études internationales ont montré que la vaccination contre le zona peut être considérée comme ‘coût-efficace’ lorsqu’on prend en compte l’ensemble des coûts directs et indirects liés à la maladie. » Elle rappelle que peu d’interventions de santé publique sont aussi efficaces que la vaccination, surtout chez les populations vieillissantes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère même les vaccins parmi les mesures de prévention les plus rentables. »
Une vaccination recommandée mais non obligatoire
Il est important de souligner que la vaccination contre le zona reste une recommandation, et non une obligation. La décision doit être prise en concertation avec le médecin traitant. Le CNGE a d’ailleurs élaboré un outil d’aide à la décision pour accompagner les médecins dans l’évaluation de l’intérêt de cette vaccination au cas par cas.
Le succès de cette campagne dépendra de l’adhésion du corps médical, mais également de la perception par les seniors. Alors que la réticence envers les vaccins contre la grippe et le Covid demeure, l’acceptation du vaccin contre le zona pourrait, elle, évoluer. Une étude menée en 2020 à Lyon auprès de 900 personnes de plus de 65 ans indique que 69 % d’entre eux seraient favorables à la vaccination s’ils présentaient des facteurs de risque.
franchement, ça coûte une fortune pour pas si sûr que ça… je suis pas convaincu.