
Et si demain, nous consommions des barres chocolatées contenant des ingrédients génétiquement modifiés, comme des cacahuètes résistantes à la sécheresse ou aux maladies ? Le géant de l’agroalimentaire Mars vient d’annoncer un partenariat avec une entreprise spécialisée dans la génétique des plantes.
Un partenariat stratégique pour sécuriser l’approvisionnement
Mars, leader mondial de la confiserie chocolatée avec un chiffre d’affaires supérieur à 50 milliards de dollars, est à l’origine de marques telles que M&M’s, Ben & Jerry’s, ou encore Whiskas et Royal Canin. La société a signé un accord avec Pairwise, une entreprise spécialisée dans l’édition génétique. Son objectif : éviter les problèmes d’approvisionnement en cacao.
Le cacao provient principalement de Côte d’Ivoire et du Ghana. Cependant, ces dernières années, la production a fortement diminué à cause des conditions climatiques difficiles et des maladies. Résultat : le cacao devient de plus en plus rare et son prix a quadruplé en trois ans. Mars souhaite accélérer le développement de cacaoyers plus résistants, en utilisant les NGT, les nouvelles techniques génomiques de Pairwise. La société prévoit aussi d’appliquer ces techniques aux cacahuètes.
Les NGT, une avancée technologique
Les développeurs des NGT expliquent que ces techniques vont au-delà des OGM. Contrairement aux modifications traditionnelles, elles ne concernent que la mutation de la même plante. Il est possible d’intégrer uniquement les gènes utiles. Selon eux, c’est l’avenir pour assurer une production stable et durable.
Ils ajoutent que des plantes plus résistantes nécessitent moins de pesticides. Cependant, cette affirmation est contestée. L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) rappelle que, dans certains cas, l’utilisation d’insecticides a continué à augmenter avec les cultures OGM.
Une réglementation différente selon les régions
Aux États-Unis, les OGM et les NGT sont autorisés. Les entreprises peuvent donc développer librement leurs produits. En Europe et en France, ces techniques sont pour l’instant interdites. Depuis mai 2025, des négociations sont en cours pour assouplir la réglementation, mais les discussions stagnent.
Selon la sénatrice Karine Daniel, auteure d’un rapport sur le sujet, la recherche publique européenne reste en retard. Aux États-Unis, les études sont souvent menées par les mêmes entreprises privées qui développent ces technologies, ce qui limite l’objectivité des résultats.
Les enjeux pour l’Europe
La question se pose : l’Europe pourra-t-elle continuer à interdire ces technologies alors que ses partenaires commerciaux, avec qui elle négocie des accords de libre-échange, les utilisent déjà ?
Thierry Pouch, économiste et membre des chambres d’agriculture, souligne que ces partenaires pourraient faire pression pour que ces technologies soient intégrées dans les quotas d’importation autorisés dans l’Union européenne.
Soyez le premier à commenter